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Cybèle est née à Paris de parents grecs. Dans ce grand appartement parisien où elle grandit, on parle et on pense en français. Il y a sa mère, architecte, son père, philosophe, que tout le monde nomme Corneille mais qui s’appelle en fait Cornelius Castoriadis, son cabinet de psychanalyse, beaucoup d’intellectuels qui viennent les voir, une immense bibliothèque qui remplit tout l’espace jusqu’au plafond et un vieux piano droit. Cybèle dévore toute la poésie de cette grande bibliothèque et puis aussi le théâtre classique et les romans d’aventure. Elle le fait la nuit en cachette et, au moment de s’endormir, elle se prend à rêver que plus tard elle sera chanteuse ! Alors elle prend des cours de piano classique, puis de chant lyrique et fait des études de lettres classiques aussi parce qu’elle n’oublie pas la bibliothèque du salon, mais n’est toujours pas satisfaite. Elle voudrait chanter, oui, mais pas comme ça ! Ce qui lui plairait, ce serait de chanter comme Montand, Joni Mitchell ou Barbara, comme Sotiria Bellou ou Domna Samiou !

Les étés, elle les passe en Grèce. À 17 ans son père meurt brutalement. Son DEA de lettres classiques en poche, elle prend des cours de théâtre dans l’école de Thibault de Montalembert pour être une meilleure interprète, monte Oh my Glotte ! une comédie musicale où elle devient une chanteuse lyrique austère et un brin déjantée : La Cariatidis. Elle joue aussi Mataroa, la mémoire trouée au théâtre du Soleil, pièce contant l’épopée du Mataroa (bateau sur lequel son père s’est enfui de Grèce), mis en scène par Hélène Cinque. Dora Bakopoulos, une pianiste classique et amie de la famille lui chuchote à l'oreille de chanter Les Feuilles mortes. S’ensuivent deux albums sur le label grec Mikri Arktos, Sous le ciel de Paris (2015) et Songs for a Blue Cloud (2017) avec le guitariste Orestis Kalampalikis. Dans le premier elle chante un florilège de chansons françaises des années 30 à 60 et dans le second, elle chantera en cinq langues (Weill, Vian, Hatzidakis, Mitchell, Colette Magny, etc.) ; elle tournera beaucoup en Grèce avec ces deux projets.

Sa rencontre avec Ignatus est déterminante pour débloquer sa plume. Ses textes sortent quasiment d’une traite entre 2019 et 2021. Thomas Benoit, qui deviendra le directeur artistique de La Fille de la lune, la pousse à écrire aussi les mélodies. Pour cet album, qui célèbre ses deux pays d’origine, la France et la Grèce, elle s’est raccrochée à plein de petits riens : images, odeurs, sensations physiques, petits trébuchements charmants de la langue dans la bouche des gens qu’elle aime, histoires glanées. Parfois aussi, à la colère face à la connerie des hommes. Et à cette boule au ventre, présente depuis longtemps déjà, qui lui dit que la terre telle que nous la connaissons est en train de mourir sous nos yeux, et nous avec. « La Fille de la lune est venue à ma rencontre par hasard, un matin. Alors je lui ai écrit une chanson. Une chanson de vent et de pierre. »

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